Je dois ma découverte du nom de Gratien Tonna à un lieu que je détestais souverainement, la salle d’agrès du collège-lycée de garçons que je fréquentai jusqu’au début des années 90. Unique élément de décoration dans la pièce grise, haute de plafond et remplie d’appareils de torture diversement sophistiqués, une affiche « Valdés vs Tonna » ; je soupçonne le très baraqué Monsieur David, professeur de gym courtaud aux épais favoris qui aimait à brandir ses poings en proposant « Tu veux Starsky ou Hutch ? », d’être à l’origine de ce choix. Mon intérêt pour la boxe était déjà prononcé, c’est devenu une vraie marotte depuis bien longtemps, mais je devais concéder jusqu’il y a peu une connaissance limitée dudit Tonna, guère plus que le contenu sommaire de sa page Wikipedia. Voilà qui pourrait étonner quand on sait mon approche compulsive du sujet et le fait que ce boxeur tricolore ait détenu les titres national et européen des moyens avant d’affronter deux vrais cadors pour une ceinture mondiale, la légende argentine Carlos Monzon et donc le Colombien Rodrigo Valdés dessiné sur l’affiche évoquée plus haut. Le premier Français à combattre à Las Vegas, quoi. Il existe bien un mystère Gratien Tonna, une épaisse somme de non-dits qui a de quoi intriguer et que Didier Castino s’est employé à mettre au jour...