Imaginez une société d’amis des Beaux-Arts dans le Londres de l’époque victorienne. Boiseries finement ouvragées, moquette épaisse, rayonnages entiers de belles reliures, montres à gousset, costumes en tweed de Savile Row, moustaches taillées au millimètre, cannes à pommeau d’argent, et sans doute quelques monocles. Une assemblée virile entre-deux-âges fait bombance, vide des tonneaux de sherry, rigole comme une bande de galopins sous le vernis bourgeois, et parfois même discute de la passion qui les réunit. On écoute des discours pleins d’emphase et d’érudition, on rivalise d’éloquence quand s’ouvrent les débats, on entonne des chants en latin, on ne passe guère loin du dérapage quand l’alcool a pris le dessus. Le tableau dressé s’avère d’un clacissisme achevé, à un détail près : plutôt que de sculpture ou de poésie, ces messieurs parlent de meurtre avec préméditation.