Il y a deux ans, je participai à une rencontre en ligne avec un éditeur que j’estime, l’Arbre vengeur, ou plutôt le monsieur caché derrière le vindicatif feuillu. La séance fut d’autant plus réussie qu’il proposa aux participants de leur adresser un texte cher à ses yeux, publié dans la collection poche si justement nommée L’arbuste véhément. Comme Victor Bâton, le protagoniste de Mes amis, je suis parfois sujet à des pudeurs inexpliquées, au point de ne pas m’être inscrit sur la liste des destinataires en dépit d’une franche curiosité. J’hésitai ensuite à acheter ce bouquin à chaque fois que je l’aperçus dans une (bonne) librairie. Ce n’était jamais le bon moment, et puis ma pile à lire occupe littéralement toute une bibliothèque. Il aura fallu que je finisse par en attraper un exemplaire d’occasion sur un coup de tête là où j’allai m’acheter de vieux CDs de heavy metal. Bien m’en a pris : rarement les paradoxes de l’étrange animal social qu’est l’être humain auront mieux été exposées en à peine 200 courtes pages.