Bienvenue sur la Radio Circulab (ex Activer l'Economie Circulaire) 

Aujourd’hui, Brieuc reçoit Didier Toqué pour dresser un bilan de l’aventure Bathô, et revenir sur le très riche parcours entrepreneurial de son invité, déjà interviewé en 2018.

Bathô est une entreprise, basée à Rezé, près de Nantes, qui récupère des bateaux en fin de vie, les transforme en leur donnant un autre usage que la navigation, tel qu’un gîte insolite, une salle de réunion, une extension de maison…

Un bateau, c'est beau, mais ça devient aussi, avec le temps, un déchet.

Pourquoi ?

Car il est fabriqué en polyester, matière difficilement recyclable.

Pour mieux comprendre le marché des bateaux de plaisance, voici quelques chiffres clés :

La France, leader mondial dans la fabrication des voiliers, enregistre un million de bateaux aux affaires maritimes. 80% ont plus de 40 ans et l’âge moyen des propriétaires de voiliers avoisine les 65 ans. Il y a donc sur le marché, une arrivée massive d’épaves qu’il faut détruire, soit en les broyant, soit en les incinérant.

Alors pourquoi ne pas recycler ces bateaux en habitat sur terre ferme ? Ils offriraient une “croisière immobile pour tous ceux qui aiment le bateau mais qui ont le mal de mer ! “

Joli pied de nez non ?

Avec la volonté de créer une structure à impact, Bathô devient une Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS). Transformer et retaper ces voiliers prend plus de 400h-500h de travail et fait appel aux métiers de la menuiserie, du composite, de la peinture, de l’agencement et de la chaudronnerie. En plus de cette volonté forte autour du zéro déchet, l’entreprise affiche une démarche à dimension sociale. Les corps de métiers représentés permettent d’accueillir ****des jeunes en apprentissage et des personnes éloignées de l’emploi.

Didier revient sur l’un de ses défis :

Quand on démarre, on a toujours du mal à trouver des grands groupes qui pourraient être des partenaires très forts, mais qui ne savent pas faire avec les “petits”.
 

Selon lui, les stratégies d’alliance avec des “gros” devraient être facilitées.

Entre 2018 et 2019, la crise de la COVID-19 n’épargne pas l’entreprise et les force à se diversifier du produit initial.

“Il a fallu se réinventer encore plus”, confie Didier.

Après une batterie de tests, ils mettent au point un enduit biologique à base de liège permettant une isolation phonique et thermique conçu pour le nautisme. Rapidement, l’enduit séduit des aménageurs de vans ainsi que l’industrie.

Devant le succès de cet enduit, une nouvelle structure, SO Liège, est créée.

Après 3 ans et demi d’exercice, Didier et son équipe se posent la question de céder l’entreprise à des repreneurs. Ils l’ont créée, certes, mais l’envie de la transmettre pour mieux la voir se développer, prend le dessus. Bathô est donc vendu au groupe SOS (51% des parts), à DARWIN (20%), Damien Grimont et un autre investisseur.

Enfin, Didier Toqué revient sur trois enseignements tirés de ces nombreuses et riches années entrepreneuriales, notamment dans le secteur de l’ESS.

  1. L’autonomie est un des grands concepts qui apportent des moments de joie.
  2. Quand on est créateur d’entreprise, il faut absolument tout faire pour conserver sa capacité d’émerveillement.
  3. Se laisser guide par l’envie de partager avec des gens qu’on apprécie, qu’on aime, car c’est un enrichissement mutuel.

On a terminé cet épisode en abordant la comptabilité multi-capitaux. Un vrai sujet d’avenir à prendre à bras-le-corps.

Pour aller plus loin :