En Côte d’Ivoire, on les appelle les "brouteurs". De jeunes hommes principalement, qui, de leurs cyber-cafés, basés en Afrique de l’Ouest, conçoivent des arnaques par mail dont ils inondent les serveurs occidentaux. Qui sont ces cyber-arnaqueurs ? Comment le phénomène s’est-il autant développé ?

L’Arnaque à la nigériane. Spams, rapports postcoloniaux et banditisme social, Nahema Hanafi
L'Arnaque à la nigérianne

Avec
Gilles Quoistiaux - Journaliste économique au magazine Tendances, chroniqueur à la RTBF
Nahema Hanafi - Historienne
Yaya Koné - Sociologue et anthropologue, maitre de conférence à l'Université Polytechnique des Hauts de France, membre du laboratoire CRISS

En Côte d’Ivoire, on les appelle les "brouteurs". La métaphore est inspirée du mouton et de sa façon de se nourrir : prélevant ça et là - et sans se fatiguer - de petites quantité de nourriture sur un vaste territoire. Les brouteurs, ce sont des cyber-escrocs. De jeunes hommes principalement, qui, de leurs cyber-cafés, basés en Afrique de l’Ouest, conçoivent des arnaques par mail dont ils inondent les serveurs occidentaux.

Il y a celle qui vous promet de toucher un héritage en échange d’une avance de frais, celle où l’on vous demande de l’aide pour opposant politique en difficulté, celle enfin de la rencontre amoureuse qui vous soutire habilement quelques virements bancaires. Si le Nigéria a été pionnier dans le développement des escroqueries par mail – au point que l'on parle d’arnaques à la nigériane – c’est en Côte d’Ivoire que le phénomène s’est le plus développé, ces dernières années, au point d’inquiéter les autorités.

Qui sont vraiment ces fameux « brouteurs », et comment ce phénomène s’est-il développé en Afrique de l’Ouest ? Quels sont les ressorts de ces manipulations numériques, comment évoluent-elles dans le temps ?

Comment ces arnaques se nourrissent du contexte social, politique et historique et mobilisent les représentations construites en Afrique et en Occident – où les mugu (les « pigeons » en bambara) sont de plus en plus nombreux ? Et enfin, quelle réponse des autorités locales et internationales à la cybercriminalité ?