Eat's Business #23

Dans ce nouvel épisode de Eat's Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les détracteurs du Nutri -Score avec la co-fondatrice de Siga Kelly Frank, sur la guerre de la saucisse sous fond de Brexit et sur l'emballement des marques pour le vrac. 

Dans cet épisode, sont aussi évoqués les transformations du groupe Bel, le développement de la technologie dans l'apiculture et les caves à vins connectées.

 

Les opposants au Nutri-Score

20 Minutes, Occitanie : Le logo Nutri-Score menace-t-il les produits du terroir sous label ?, 18/05/2021

Alors qu’un Rocamadour ou du jambon de porc noir de Bigorre obtiennent un Nutriscore peu flatteur de D ou E, un soda light plein d’édulcorants affiche pour sa part un B. C’est le cas également d’un fromage emblématique : le roquefort. Pour Jérôme Faramond, le vice-président de la Confédération générale de Roquefort, « A la base, Nutri-Score a été créé pour les plats cuisinés, pour évaluer les produits transformés. Des progrès sur la valeur nutritionnelle du Roquefort, il n’y en aura pas. Il a déjà des qualités, des apports en calcium, dont Nutri-Score tient très peu compte, alors qu’il met en avant les acides gras. Le lait cru qui entre dans sa fabrication est notre fierté, il respecte la tradition et le terroir ».

Cette situation fait donc réagir les députés de l’Occitanie, région dans laquelle on trouve de nombreux produits du terroir. De plus, les producteurs de produits labellisés, réunis au sein de l’lnstitut régional de la qualité alimentaire d’Occitanie (Irqualim), ont décidé de monter au créneau pour demander à la Commission européenne à être exemptés de ce système d’étiquetage.

The Conversation, Lobbying et alimentation : les « aliments traditionnels », le nouvel argument des anti-Nutri-score, 10/06/2021

Dans cet article, Serge Hercberg, qui est à l’origine du Nutriscore, et certains de ses collègues répondent aux arguments des défenseurs des produits locaux vis à vis du système de notation. En effet, ils estiment que “cette tentative d’opposer Nutri-score à un modèle alimentaire traditionnel (…) correspond à une stratégie de désinformation”. Pour les auteurs, “en mettant en avant le fait que les charcuteries et les fromages font partie du paysage culinaire et gastronomique d’une région ou d’un pays”, “les lobbys cherchent (…) à entretenir une confusion dans l’esprit du public”.

Selon eux, le phénomène décrit dans l’article précédent n’est pas nouveau mais s’observe dans plusieurs autres pays européens, dont l’Italie et l’Espagne où il y a, selon eux, “l’émergence de nouvelles actions de lobbying anti-Nutri-score”.

Ainsi, ils admettent qu’au sein des charcuteries et des fromages, “une grande partie se trouve classée D et E, en raison de leur teneur élevée en acides gras saturés et en sel, ainsi que de leur forte densité calorique”. Néanmoins, selon eux, “il ne s’agit cependant pas d’une pénalisation intentionnelle ou nouvelle : le classement est opéré en toute transparence et objectivité sur la base des données de composition de ces produits. Le Nutri-score ne fait que traduire de façon synthétique les informations de l’étiquette nutritionnelle obligatoire qui existait avant lui”.

Par ailleurs, les auteurs mettent en avant le fait que le Nutri-score ne s’oppose pas au régime alimentaire de type méditerranéen qui fait la part belle aux fromages, à la charcuterie ainsi qu’à l’huile d’olive car, selon eux, le Nutri-score “classe plus favorablement tous les aliments qui sont pauvres en gras, sucre ou sel, et riches en fibres, fruits et légumes, légumineuses et fruits secs à coque. Autrement dit, les éléments principaux de l’alimentation méditerranéenne”. De plus, en attribuant un score de C à l’huile d’olive, il la classe “dans la meilleure catégorie possible pour les matières grasses ajoutées”. Les auteurs précisent d’ailleurs, qu’“aucune huile n’est classée A ou B, du fait de leur composition, il s’agit d’un produit composé à 100 % de matière grasse”.

 

Une Bel transformation en vue

Les Echos, « Il faut sortir de la seule logique du profit », tranche le patron de La vache qui rit, 11/06/2021

Dans cette longue interview d’Antoine Fievet, le PDG du groupe Bel, celui-ci met en avant une vision originale de ce que doit être une entreprise à l’avenir.

Il s’est notamment exprimé sur les attentes des consommateurs. Selon lui, certaines ne sont pas atteignables de suite. Ainsi, comme il l’explique, “On nous demande d'être à la fois extrêmement responsables sur le plan écologique, d'avoir un passeport nutritionnel le plus sain possible, des produits les moins transformés possible qui se conservent en dehors du réfrigérateur, tout en étant le moins cher possible”. Pour se conformer à ces demandes multiples “cela suppose d'innover et prend du temps” car une entreprise comme Bel n’est pas “pas en mesure de changer toutes (ses) lignes de production du jour au lendemain”. 

Il revient également sur le Nutriscore. Et selon lui, “c'est en partie le gras qui donne son goût au fromage et dans l'alimentation” et comme “le goût reste un élément très important” forcément le gras influe sur le score Nutriscore. Par ailleurs, il rappelle que le Nutriscore se base sur “des portions de 100 grammes quel que soit le produit que vous consommiez”. Or, comme il l’explique, “100 grammes chez Bel, cela correspond par exemple à 5 Babybel” et “personne ne mange 5 Babybel par jour !”.

Mais surtout, il donne une vision nouvelle de la responsabilité d’une entreprise. Ainsi, il précise la manière dont son groupe contribue à développer une filière laitière plus durable. Comme il l’affirme, “on ne peut pas se satisfaire de voir un monde agricole qui souffre et qui ne suscite plus de vocations, des entreprises agroalimentaires à la peine et une grande distribution qui cherche trop à ne se différencier que par le prix et qui ne roule pas sur l'or”. Ainsi, il faut selon lui “sortir de la seule logique de profit, sinon nous allons nous autodétruire”.

 

Le développement du vrac en grande distribution

Le Figaro, Les marques se mettent au vrac… à tâtons, 13/06/2021

Focus sur ces grandes marques qui développent le vrac en test dans certains supermarchés, notamment chez Franprix ou Day by Day. Qu’ils s’agissent de Panzani, Kellogg's, Benenuts, Carte noire, Ebly, Uncle Bens, Taureau ailé… toutes essaient de se lancer dans le vrac.

Comme l’explique l’article, “conscientes de l'attrait des consommateurs pour ce mode de distribution et leur volonté de réduire l'impact environnemental des produits qu'ils consomment, les grandes marques se mettent aussi au vrac petit à petit”.

Ainsi, Lustucru et Michel et Augustin ont fait leur arrivée chez Day by Day. Et, selon l’article leur objectif est de « tester l'intérêt et la réponse des consommateurs, ainsi que le modèle économique ».

Mais pour les marques il s’agit de se réinventer pour attirer les clients car elles se retrouvent de fait “privées de leur support favori de communication (l'emballage)”. Une autre difficulté mise en avant : la taille des meubles en magasin limite le nombre de références dans les linéaires. Enfin les coûts logistiques augmentent car il y a des étapes supplémentaires (contenants dédiés...) alors que les produits en vrac doivent “par souci de cohérence” être vendus moins cher que les produits emballés. Et tout cela pèse évidemment sur les marges des industriels.

Autres problèmes cette fois-ci côté distributeur : la rotation des produits et en moyenne trois fois plus faible que pour les produits emballés, il faut aussi prévoir de la main-d'oeuvre supplémentaire pour approvisionner et laver les bacs ou encore ramasser les produits tombés par terre.

 

La saucisse se noie dans la Manche

Le Figaro, La « guerre de la saucisse » jette un froid entre Londres et les Européens, 13/06/2021

Eh oui, la saucisse peut aussi être source de gastrodiplomatie.

Dans ce cas précis, la saucisse est au cœur de l’accord du Brexit et de son application. En effet, l’article nous explique que l’Angleterre refuse pour le moment de mettre en place les contrôles sur certaines marchandises, notamment la viande réfrigérée. En effet, le pays affirme que cela pourrait faire disparaître les saucisses et nuggets de poulets britanniques des rayons des supermarchés nord-irlandais. Boris Johnson a même lancé à Emmanuel Macron : «  Comment le prendrais-tu si la justice française t'empêchait de transporter des saucisses de Toulouse à Paris » ? Ce à quoi le président français aurait répondu que cela ne pouvait pas arriver « puisque Paris et Toulouse font partie du même pays ». Et évidemment les Anglais l’ont mal pris…

 

La technologie pollinise les ruches

BBC, Tech firms use remote monitoring to help honey bees, 14/06/2021

Un article qui s’intéresse aux startups dédiées à l’apiculture.

C’est le cas par exemple de Best Bees, qui installe des ruches sur des propriétés commerciales et résidentielles. Pour surveiller la santé de ses colonies d’abeilles, l’entreprise utilise un système logiciel avancé. Les données sont ensuite partagées avec des chercheurs de l'université de Harvard et du MIT, afin de les aider à mieux comprendre la situation critique des insectes. Best Bees est rémunéré par les propriétaires et les entreprises, récolte et met en bouteille le miel pour qu'ils le conservent.

De son côté, la startup irlandaise ApisProtect, fabrique des capteurs sans fil disposés à l'intérieur des ruches et qui collectent et transmettent des données à un "tableau de bord" en ligne. Comme l’explique Fiona Edwards Murphy, la directrice générale “nous recueillons des données sur la température, l'humidité, le son et l'accélération [des abeilles qui s'envolent de la ruche]”. Elle précise ainsi que cela permet de dire à l’apiculteur “quelles ruches sont en croissance et quelles ruches sont en décroissance, ou quelles ruches sont vivantes et quelles ruches sont mortes”.

La startup israélienne Beewise vise à réduire encore davantage le besoin d'intervention humaine. Elle a créé "Beehome", une sorte de grande boîte alimentée par l'énergie solaire qui peut abriter 24 ruches distinctes. Capable de fonctionner de manière autonome ou via une application sur le téléphone ou la tablette de l'apiculteur, chaque Beehome est équipée d'un ensemble de caméras, de capteurs et de bras robotisés qui prennent en charge les actions qui, autrement, nécessiteraient une intervention humaine. Ainsi, grâce à ce système, les seules actions nécessitant une intervention humaine sont de s'assurer que les abeilles ont accès à une source de nourriture et d'eau, et d'aller récupérer le miel récolté par la machine.

Enfin, l’article mentionne un projet de technologie apicole encore plus futuriste. Il s’agit du projet paneuropéen Hiveopolis, qui étudie la possibilité de placer de minuscules robots "dansants" à l'intérieur des ruches pour influencer le comportement des abeilles.

 

La high-tech du vin voit le verre à moitié plein

L’Obs, Quand le high-tech met le vin en bouteille, 09/06/2021

Un article qui fait le point sur les avancées technologiques dans le secteur du vin. En effet, comme l’explique l’article, les accessoires connectés liés au vin se sont multipliés en quelques années. Et, suite aux confinements successifs, Dominique Gandy, directeur d'activité « Blanc et Cuisine » pour Fnac Darty explique que « l'électroménager plaisir est très en vogue et a même connu en 2020 une apogée ». Ainsi, les caves à vin connectées ont, par exemple, vu leurs ventes s’envoler de 316 %.

Dernière née dans ce domaine, la cave Ecellar 185 de La Sommelière, intelligente et made in France. Cette dernière est directement pilotable depuis son smartphone. Elle peut accueillir jusqu'à 185 bouteilles, avec, à chaque emplacement, un capteur relié à une application dédiée (Vinotag). Ainsi, chaque ajout ou retrait d'un vin est automatiquement détecté et indiqué sur son smartphone. Il est donc possible de connaître graphiquement et en temps réel le contenu de sa cave.

 

 

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