Mission encre noire Tome 21 Chapitre 262 On n'entend plus jouer les enfants d'Allen Côté paru en 2017 aux éditions Annika Parance Éditeur. Un quinqua, auteur à succès de romans noirs, traîne son Volkswagen blues entre le Montréal d'aujourd'hui et le Saguenay des années 70. Il se sent un peu dépassé lorsque la jeune femme qu'il aime veut un enfant de lui. C'est l'occasion de parcourir les chemins de l'enfance. Aux antipodes des aventures de son héros Paulin Dumouchard, aux prises avec Un tireur fou à Toronto et la hantise de la page blanche, l'écrivain s'autorise quelques glissades sur la pente du souvenir, à travers l'écriture de la vie d'Alex, son double désigné. Interné très jeune dans une école religieuse, Alex, un enfant hypersensible, est aussi le prétexte à raconter le Québec en région dans les années 70. Imaginez! Vous venez de descendre de l'autobus. L'église, c'est tous les dimanches pour la messe de onze heures. Vous envisagez de devenir enfant de choeur alors qu'Apollo 11 vient d'achever sa mission. Vous avez 10 ans et vous étouffez dans un uniforme trop serré. Prêt pour le voyage ? Mission encre noire vous propose de rencontrer, ce soir, Allen Côté.
Extrait:«J'ai assez souvent songé à la pertinence de raconter mes tribulations de jeunesse. Il me suffirait de donner corps au récit en le pimentant d'une touche singulière. Des personnes de cette époque m'ont d'ailleurs déjà inspiré les traits de certains protagonistes dans mes romans. Oui, mais à présent, je suis habité par autre chose. Un enfant demande à revivre, un petit veut comprendre une douleur et s'assurer de ne pas la transmettre.»
La force de marcher de Wab Kinew traduit par Caroline Lavoie paru en 2017 aux éditions Mémoire d'Encrier. Wab Kinew, député de Fort Rouge, journaliste et rappeur nous invite en territoire Anishinaabeg à travers le récit poignant de la vie de Tobasonakwut, son père, chef Anishinaabe de la nation Ojiwbé. Survivant des pensionnats autochtones, cet homme aura consacré son existence à se réconcilier avec la société canadienne et les siens. La force de marcher est bien plus qu'un hommage vibrant d'un fils à son père, il s'agit d'une immersion inédite dans un mode de penser et de vivre autochtone. Fascinant !
Extrait:«Quelques jours plus tard, j'étais debout au milieu du cercle. En remuant les orteils, je sentais la chaleur de la peau de bison sur laquelle j'avais posé les pieds, alors que l'homme chargé d'inciser ma peau découpait au scalpel ma poitrine encore dépourvue de toutes ces cicatrices qui marquent tant mes proches. La sensation de la lame est d'abord froide, puis brûlante, à mesure que se découpent des couches de peau. Quand le scalpel est ressorti, l'inciseur a tiré la peau de mes muscles pectoraux, et un autre homme a glissé une cheville d'ébène dans la fente.»
Underground Railroad de Colson Whitehead paru en 2017 aux éditions Albin Michel. Livre très attendu de la rentrée, prix Pulitzer 2017 et National Book Award 2016, Underground Railroad est un roman qui nous fait basculer en 1850. L'Amérique a besoin de main d'oeuvre pour cultiver son coton. Le commerce des esclaves est une entreprise florissante. Cora appartient à une plantation en Georgie. Sa mère est célèbre pour avoir réussi à s'évader en dépit des multiples dangers qui guettent une fugitive. Sa vie va chavirer lorsque Caesar, un esclave arrivé de Virginie, lui propose de s'enfuir vers les États libres du Nord. Colson Whitehead imagine l'existence d'un véritable chemin de fer, métaphore onirique et procédé narratif ingénieux, pour témoigner de la situation des fugitifs qui empruntent le fameux Underground Railroad. Épisode incontournable de l'Histoire américaine, l'auteur nous tient captifs de ses sous-sols nauséabonds.
Extrait:«Évadée, ou convoyée, de la résidence du soussigné, près d'Henderson, le 16 du mois courant, une jeune négresse dénommée MARTHA, propriété du soussignée. Ladite fille est de teint brun foncé, de corps malingre, la langue bien pendue, et d'environ 21 ans d'âge ; elle portait un bonnet de soie noire à plumes, et avait en sa possession deux édredons de calicot. Je crois comprendre qu'elle essaiera de se faire passer pour une affranchie.
RIGDON BANKS
Comté de Granville, 28 août 1839»