Mission encre noire Tome 19 Chapitre 242 Dans les brumes du mal de René Manzor paru en 2017 aux éditions Calmann-Lévy. Le territoire des Basses Terres en Caroline du sud est en proie à la douleur, il est le théatre sanglant d'une série de meurtres non élucidés. Une mère est découverte affreusement torturée et mutilée, son corps est couvert d'étranges scarifications rituelles. Les enquêteurs déduisent que son fils a aussi disparu. Dahlia Rhymes, agent du FBI spécialisée dans les crimes rituels va prendre en charge cette enquête. Non seulement, s'agit-il de l'enlèvement de son neveu, mais encore, l'atmosphère lugubre des cérémonies sacrificielles qui entoure les meurtres lui rappelle les raisons pour lesquelles, elle refusait de remettre un jour les pieds dans sa région natale. René Manzor est l'invité de Mission encre noire pour nous en dire plus sur ce roman, et bien sûr nous raconter son passage du cinéma (Steven Spielberg, George Lucas, alain Delon, Vanessa Paradis, Jean Reno, Hollywood) à l'écriture de thrillers à succès. (Celui dont le nom n'est plus a reçu le prix du polar du festival de Cognac en 2014).
Extrait:«La Cadillac bleu métal filait sur la route US17 en direction de St. Helena. Durant la première moitié du voyage, Dahlia et Luke n'vaient pas échangé un mot, comme si ce silence entre eux était le langage qu'ils maîtrisaient le mieux. Les Basses Terres qui défilaient tout autour n'avaient pas changé depuis leur enfance. Les vastes marais d'eau salée au parfum de spartines et de vase noire, les colverts gemmés d'émeraude et les grands hérons bleus guettant les douze fluctuations de marée, toute cette mémoire odorante du Sud les rapprochait plus qu'aucune parole prononcée.»
Heimska (La stupidité) d'Eirikur Orn Norddahl paru en 2017 aux éditions Métailié. Dans un futur proche, la société islandaise bascule en plein chaos. Songez-y un instant ! Un système video surVeillance permet de se divertir de l'intimité totale et impudique de vos voisins à travers un réseau de webcams et d'images satellites, à priori impossible à déconnecter. Ajouter à cela un couple d'écrivains, séparés, qui ne vit que pour se harceler, un gang terroriste étrange qui s'inspire d'un de leur livre, plantez-y une panne majeure d'électricité suspecte, secouez le tout, qu'est-ce qu'il reste ? Un roman qui fait sensation et qui vous permettra sans doute de lever le pied sur vos connections en rafale sur votre réseau favori peut-être ?
Extrait:«Ils appellent ça surVeillance tandis que nous parlons de mélodie du futur - dystopie ou probablement cauchemar - mais en réalité c'est un phénomène plutôt banal et il n'y a sans doute pas grand-chose à en dire. Les gens ne passaient tout de même pas leurs journées sans bouger à observer leur prochain. Ils avaient mieux à faire. Ils devaient s'occuper de leur foyer. Ils devaient travailler. Or, ça n'avait rien de distrayant de regarder les autres trimer - décortiquer des crevettes, vendre du poisson, encaisser des dettes, donner des médicaments ou changer des pneus Vesuvio flambant neufs. Et chacun gérait sans doute aussi ses publications sur Facebook. Bref, la pression ne pouvait pas être plus importante.»
Le diable dans les détails de Leila Slimani paru en 2017 aux éditions de l'Aube. Ce recueil de six textes est le résultat de chroniques, de nouvelles, d'autofictions publiées de 2014 à 2016 pour l'hebdomadaire français le 1 sous la direction de l'écrivain Éric Fottorino. Leila Slimani a produit, dans l'urgence des événements survenus dans l'hexagone, des textes engagés, enragés et forts. Elle a pris la mesure de l'impératif à prendre la parole pour défendre un mode de vie devant l'invasion des barbares. Vous tenez ici, à mon avis, une démarche des plus saine qu'il soit: donner à lire sur l'ambiguité du monde avec détermination et style.
Extrait:«Cette année, en Normandie, au milieu des rires et des discussions, je me suis demandé ce que ma génération allait être capable de faire de ce monde. Serons-nous à la hauteur de ceux qui se sont battus pour pouvoir fêter Noel ensemble? Saurons-nous nous définir par autre chose que nos dieux, nos origines? Faudra-t-il encore et toujours prouver nos allégeances?»