Mission encre noire Tome 17 Chapitre 222 Purity de Jonathan Franzen paru en 2016 aux éditions Boréal est un roman très attendu après le succès international des Corrections (2002, Boréal). Qui est donc Purity ? Purity Tyler est une jeune femme de 23 ans. Elle ignore tout de ses origines, sa mère lui dissimule l'essentiel et en particulier la véritable identité de son père. Au détour d'une rencontre fortuite avec des militants anarchistes allemands, au sein de sa collocation, son destin va prendre une autre tournure. Purity va partir à la recherche de son père. Militantisme, trajectoires amoureuses complexes et contrariées, réseaux sociaux engagés, Pip, comme la surnomme sa mère, va se confronter aux maux de notre époque. Purity est un roman fleuve, captivant qui nous éclaire sur les dérives de nos sociétés modernes post 11 septembre, si connectées et paranoïaques à la fois, à grand renforts d'autodérision et de scénario catastrophe.

Extrait: «Leila secoua de nouveau la tête. Chaque fois qu'elle devait vomir, ce n'était pas uniquement l'idée de la nourriture qui l'écoeurait ; c'était l'idée d'avoir envie de quoi que ce soit. La nausée, négation de tout désir. De même, aussi, que la dispute. Elle se souvenait de ce vieil abattement et l'éprouvait à présent encore, la conviction que l'amour était impossible, qu'aussi profond qu'ils enterreraient leur conflit, celui-ci ne disparaitrait jamais. Le problème d'une vie librement choisie chaque jour, une vie de Nouveau Testament, c'était qu'elle pouvait se terminer à tout moment.»

L'apprentissage de Duddy Kravitz de Mordecai Richler paru en 2016 aux éditions du Boréal est une nouvelle réédition avec Lori Saint-Martin et Paul Gagné à la baguette pour la traduction. Leur travail a été salué internationalement, plus précisément en ce qui concerne les romans Joshua et Solomon Gursky du même auteur. Quoi de plus envoûtant que de replonger dans le Montréal d'après guerre, Maurice Richard enflamme le Forum, et Duddy Kravitz fait les 400 coups. Élevé dans les quartiers pauvres de la ville, fatigué de se morfondre dans la médiocrité de ces tristes faubourgs, Duddy a de l'ambition: devenir riche. Il se fiche bien du regard de la communauté juive, et tout les moyens seront bons pour y arriver. Premier roman de Mordecai Richler, je vous invite à découvrir sous un nouveau jour, cet écrivain si contreversé. 

Extrait: «Regarde-moi bien, songea-t-il, regarde-moi vraiment bien parce que, d'accord, je suis peut-être un moins que rien, en ce moment. Je ne suis jamais allé à Paris et je sais pas faire la différence entre Picasso et un barbouilleux de clôture. Je sais pas jouer au tennis comme les autres garçons d'ici, mais je passe pas non plus mon temps à verser du Ketchup sur le lit des autres. J'arrache pas de promesses débiles à des types qui sont soûls. Je suis pas non plus une sale langue comme toi. Tu te moques de ton père. Tu l'aimes pas. Ça me fait une belle jambe. Mais il t'envoie en Europe et au Mexique, et qui paie tous les verres que tu siffles l'après-midi? Tu regrettes d'avoir fait de moi le dindon de la farce? Mautadit, mon coeur saigne. Regarde-moi, espèce de salope. Aujourd'hui, je suis peut-être un moins que rien, d'accord. Ce salaud de Cohen, qui fait du marché noir à tour de bras, me donne vingt dollars, me fait la morale sur le jeu et va se sentir bien fier pendant une semaine. Mais écoute-moi bien, petite. Ça va pas toujours être comme ça. Si tu dois parier sur quelqu'un, je te conseille de parier sur moi. Je vais être quelqu'un. Ça c'est sûr.»

Agenda Culturel de la semaine: The Thing et James Blood Ulmer le dimanche 16 juin 2016 à la Sala Rossa dans le cadre du festival Suoni per il popolo.