Mission encre noire Tome 28 Chapitre 332. Un automne noir de Florian Olsen paru en 2020 aux éditions Triptyque Policier. Estara Villeneuve, professeur, chercheuse et enseignante à l'université d'Ottawa projette d'écrire un livre sur la vague de meurtres qui a ébranlé le Vieux-Hull quelques années auparavant. La plupart des victimes sont blanches ou presque, dans la vingtaine, diplômées de l'université du Québec en Outaouais. À l'époque la une du Ottawa Citizen, du Droit et de Radio-Canada s'en donne à coeur joie sur les crimes de «l'Automne noir». Les radios poubelles, à leur tour, se déchaînent au milieu d'une campagne électorale municipale démagogique. La terreur s'empare de Gatineau et menace l'équilibre du quartier. Estarra frissonne encore au souvenir de cette étrange période de sa vie. Un homme a été arrêté et accusé, à la lecture des conclusions de l'affaire, néanmoins  un doute subsiste. Comment Didier Saint-Louis a-t-il pu s'introduire dans des lieux publics à l'accès restreint ? Étrange. L'auteur signe ici un polar oppressant et délicieusement énigmatique. Alors que la tension monte dans votre lecture, le malaise ressenti soudain se dissimule habilement dans les replis du texte, dans ces fameuses ténèbres qui se nourrissent si bien de nos petites peurs et de nos grandes angoisses. Je vous invite à découvrir certains quartiers d'Ottawa, comme vous ne l'avez certainement que rarement lu auparavant. Ce soir, à Mission encre noire, je suis en compagnie de Florian Olsen.

Extrait Le coupable présumé, Didier Saint-Louis, était un Néo-Canadien de racines haïtiennes, avec un passé de délinquant. La fusillade qui a éclaté quand les agents sont descendus chez lui a fait de sa culpabilité une évidence,. La ville entière aurait préféré reléguer l'Automne noir aux oubliettes. Ça ne m'a pas facilité la tâche quand j'ai signé mon dernier article. Aster reprend son souffle: J'avais des doutes. Le lendemain de la conférence de presse, j'ai publié un reportage qui répertoriait les questions auxquelles la police ne daignait pas répondre. On pouvait croire qu'il y avait eu des vices de procédure. Des témoins pas fiables, par exemple...Ça, et la police n'a jamais bien expliqué le rapport entre certaines preuves relevées sur chacune des victimes et Didier saint-Louis.»

Débâcles de Marie-Pier Poulin paru en 2019 aux éditions Sémaphore. Un jeune prêtre né à l'aube du vingtième siècle dans les campagnes du nord de Montréal souhaite accomplir ce que ses héros, les premiers jésuites arrivés en Nouvelle-France et autres missionnaires ont réalisé. En Août 1930, Arthur Benoît quitte les siens pour rejoindre les peuples autochtones du Grand Nord. Il va rencontrer un inuk d'une grande beauté, Arsanuk. Invité à séjourner dans son village, il va y construire son église et une école. La vie âpre au milieu des tempêtes de neige, le soleil éblouissant et la noirceur sans fin des hivers glacials ne le découragent pas. Bien des années plus tard, Pierre repense, songeur, à cette histoire, la sienne, alors que son avion décolle de Montréal. Suite à une tragédie terrible, le destin a conduit ce jeune inuk de sept ans, à quitter sa terre natale et à rejoindre, grâce au père Benoît, le sud du Québec. Devenu médecin, il retourne, vingt-cinq ans plus tard dans son village inuit du nord du Québec. Campé à l'époque de la crise d'octobre 1970, ce poignant premier roman tisse astucieusement les portraits antagonistes de deux destins: la marche forcée vers la modernité de la province du Québec et celui d'un peuple fier et valeureux, farouchement décidé à défendre ses droits ancestraux. Piari dit Pierre incarne, malgré lui, cette alternative déchirante. Il y a des chances que la lecture de ce roman rappelle singulièrement le mouvement de dissidence récent qui oppose le peuple autochtone Wet'suwet'en au projet du gazoduc GNL aujourd'hui. Marie-Pier Poulin est invité à Mission encre noire, ce soir.

Extrait: « Pierre se réveille en sursaut. Désorienté, le souffle court, il cherche du regard un indice, un élément du décor qui pourrait lui rappeler où il est. Dans la pénombre de la pièce, des murs pâles et vides, une large fenêtre dissimulée par un rideau de fortune. Il se souvient enfin. Il est de retour chez lui, au nord. Depuis deux nuits, il dort d'un sommeil de plomb. Les bouleversements des derniers temps menacent son équilibre fragile. Il se doute bien qu'une fois couché, enveloppé par la solitude de l'obscurité, son esprit pourrait s'affoler et provoquer d'interminables heures d'insomnie, faisant remonter à la surface un passé encore trop difficile à affronter. De peur d'avoir à subir les grands maux d'autrefois, il préfère s'endormir à l'aide de calmants. le matin venu, le chemin entre les profondeurs de l'inconscience et la réalité est long et affolant.»