Mission encre noire Tome 30 Chapitre 346. Métamorphoses de Charles-Étienne Ferland paru en 2020 aux éditions L'interligne. La fin du monde c'était il y a un déjà un an. Une simple vibration anodine comme un tremblement de terre a tout changé. Une nouvelle espèce de guêpes géantes est apparue et a ravagé toutes les cultures agricoles de la planète. Les hyménoptères ont faim, l'être humain fera leur affaire. Jack ne veut pas finir prisonnier dans une ruche pour servir de repas. Il dérobe alors un échantillon d'élixir au pouvoir étrange, un moyen inédit de se nourrir. Il fuit alors Montréal à pied pour retrouver sa famille, réfugiée sur l'île de Main Duck Island sur le lac Ontario. Tout devrait bien aller si ce n'est cette soif qui le taraude sans cesse. Et puis il y a la présence de cette silhouette aux yeux jaunes qui le guette et le toise de son sourire mauvais. Il croisera de nombreux réfugié.e.s dans son exil, en particulier une communauté qui vit à l'intérieur d'un dôme grillagé sous la menace d'une bête carnivore impitoyable. Véritable vampire, sa réputation le précède, le monstre sera un obstacle sérieux à la course de Jack. Charles-Étienne Ferland use de toutes les facettes d'un genre qu'il affectionne expressément pour produire une trilogie débuté en 2018 avec Dévorés. Il sait faire partager cet univers si saisissant des littératures de l'imaginaire, en épiçant une trame accrocheuse de multiples trouvailles empruntées à sa connaissance de l'entomologie et de la voile. Imaginez-vous devoir sortir pour vous nourrir seulement le soir et être tenu de surveiller le moindre rayon de lumière synonyme de mort radicale ! J'accueille, ce soir, Charles-Étienne Ferland à Mission encre noire.
Extrait:« Les lilas de mai fleurissent. Les moustiques hantent les bois. Camp après camp, refuge après refuge, la bête se jette sur chaque homme, femme, enfant, pour se repaître de leur sang et alimenter un étrange champignon qu'elle transporte dans un sac sur son dos. L'organisme émeraude et cyan possède la forme d'un portobello avec de petites billes sous le chapeau, suspendues depuis les lamelles. C'est dans ces sphères ocre que s'accumule l'hémonectar. La nuit, la bête laisse derrière elle une traînée de spores rouges incandescentes comme un sillage de minuscules étoiles. Derrière la créature chimérique, sèchent des corps vidés. errante et presque nue, elle porte les lambeaux d'une paire de jeans. Sur sa peau épaisse, s'additionnent les cicatrices de multiples coups de feu ou de couteau. Elle flaire les survivants. Alors, ses yeux jaunes se plissent. Dès qu'une odeur de chair fraîche vient chatouiller ses naseaux, le monstre repart pour une nouvelle tournée. Le rituel meurtrier se répète.»
Zone 51 de Christiane Lahaie paru en 2020 aux éditions Lévesque éditeur dans la collection Réverbération. Laissez ici vos à priori concernant la zone 51, cette base secrète abritant soi-disant des extraterrestres quelque part dans le désert du Nevada. Cet objet littéraire non identifié que vous tenez dans vos mains n'est pas un roman de science fiction, malgré les apparences. La jeune narratrice fouille ses souvenirs et les notes d'un carnet que tenait à jour Olivia Solès avant son énigmatique disparition, quarante ans plus tôt. Fraichement diplômée, la téméraire équipe embarque à quatre dans un périple à travers la mythique route 66 pour rejoindre la zone 51. Fasciné.e.s  par le phénomène extra-terrestres, sauf la narratrice, issue d'une famille riche et en mal d'émotions fortes, le quatuor va quitter le Québec pour une odyssée de cinq mille kilomètres en passant à travers l'Illinois, le Missouri, le nord du Kansas, l'Oklahoma, le Texas et Le Nouveau-Mexique. Au fil du voyage, les histoires de chacun se révèlent. À la fois récit personnel, road novel et réflexion documentée sur un phénomène qui magnétise l'humanité depuis la nuit des temps, Zone 51 interroge les limites du possible pour une équipée livrée à elle-même, au milieu de nulle part, à la fin des années 80. Christiane Lahaie convainc car elle émeut profondément sur la trajectoire tragique de cette jeune femme perdue. Ce roman vibre de la douce ironie qui s'empare parfois d'un texte critique à l'égard des chimères que s'inventent les êtres humains. Il vous faudra atteindre, à votre tour, les dernières pages pour qu'enfin les secrets émergent. Puisque la vérité est ailleurs, j'accueille Christiane Lahaie à Mission encre noire.
Extrait:« Antoine avait tout consulté sur les statues de l'île de Pâques, trop lourdes pour avoir été transportées par des humains, et sur un aéronef qui serait tombé à Roswell. Il se tenait bien au fait des observations d'ovnis de par le monde, toujours suivies d'apparitions d'Hommes en noir. Les hommes en noir, ça, c'était la meilleure. Antoine tenait mordicus à me convaincre. Il prétendait qu'il s'agissait d'extraterrestres espions, chargés de faire taire ceux qui avaient envie de mettre au jour leur présence parmi nous. J'ai eu beau rétorquer que ces fameux inconnus en complets et cravates étaient apparus au début de la guerre froide, il n'a rien voulu entendre. Il avait raconté qu'en 1947, un certain Harold Dahl avait cru voir un ovni au large de Maury Island, s'en était vanté et avait aussitôt reçu une «visite».»