Mission encre noire Tome 25 chapitre 301 Lykaia de DOA paru en 2018 aux éditions Gallimard collection Hors série Littérature. Métal glacé, coulure de maquillage, crissement de cuir sur le cuir, des Poupées en vinyle et des Messieurs en latex, s'ébattent dans l'ancien Berlin ouest, dans les profondeurs d'un club privé: le BUNK'R. La Fille qui s'extrait du monte-charge se faufile au milieu des groupes pour rejoindre sa concurrente ès punitions et leur patient. Élégamment vêtu, camouflé par son masque de latex, le Loup la guette. Ancien chirurgien de haut vol, son ombre est désormais célèbre dans la pratique du bondage au scalpel. L'homme qui geint lorsqu'on lui percera l'abdomen, couinera plus fort et en réclamera encore. Ça vous étonne ? Il se pourrait qu'il n'y survive pas non plus. Ça vous révulse ? Parfaitement. Et pourtant, DOA vous invite à une course poursuite hors norme, à une histoire passionnelle bestiale. La haine et l'amour se croisent sur le tranchant de la même lame et ça fait mal. Prague, Paris, Berlin, Venise, sont les lieux où la bête laissera sa marque. DOA, après les impressionnants Pukhtu (Primo et Secundo) et le cycle Clandestin, élargit notre champ visuel. De quelle violence s'agit-il ? qu'est-ce qui nous effraie tant ici ? Ce livre pourrait bien être un symbole des contradictions de notre époque. Au diable ! Anges et démons ! Monsieur le divin Marquis et Maîtresse Domina ! L'auteur aime voir arriver le loup qui menace d'anéantir sa demeure, il est notre invité à Mission encre noire.
Extrait: ''Le monstre est à nouveau enfermé dans sa cage de latex, il a rempli son office, et cette fois, lorsque je reparais hors de la tente, peu nombreux sont ceux qui remarquent le grand Loup noir. Tous regardent le héros du jour, de retour parmi eux dans son fauteuil roulant, blême, la panse bandée, une perfusion d'antibiotiques suspendue au-dessus de lui, occupé à calmer la reine du fist. Elle vocifère et pleure et menace une autre fille, celle que j'ai rejetée tout à l'heure. Profitant de l'aubaine, je m'éclipse. Je n'aime pas m'attarder après une intervention. Aucune envie de répondre aux questions, de m'abaisser à faire la conversation à des tordus. Ni de prendre part à une éventuelle suite. Je retrouve le cerbère du monte-charge et son regard tatoué plus vide que terrifiant. Il ne me lâche pas de toute l'ascension et je l'observe en retour, planqué derrière le Loup. Ridicule duel de monstres de série Z.''
Rivière tremblante de Andrée A. Michaud paru en 2018 aux éditions Rivages/Noir. Ce soir du 07 août 1979, Michael Superman Saint-Pierre, a disparu dans les bois de Rivière-aux-Trembles. Marnie revient s'installer vint-neuf ans plus tard autour des lieux de son enfance, proche de l'endroit de la disparition dont elle a été le témoin. Cette fameuse nuit, pour elle, a ressemblé aux zombies de la nuit des morts-vivants. Depuis, sa vie est mécanique, la mort de Michael a imprimé sur son visage la marque du diable.  Billie Richard, elle, se volatilise, dans une petite ville voisine, la veille de son neuvième anniversaire. Son père, écrivain, amorce, trente ans après Marnie, une descente dans les profondeurs du deuil impossible, de la culpabilité, de l'incompréhension. Alors qu'un nouveau drame éclate à Rivière-aux-Trembles, Marnie et Bill vont devoir affronter l'accablante réalité qui va finir par les réunir pour le meilleur ou pour le pire ?: Leur vie est à jamais anéantie. Signes étranges et relents maléfiques, enquête de police, tension dramatique et légendes amérindiennes, Andrée A. Michaud pianote sur tous les styles pour nous faire vivre l'insupportable manque de l'autre. Celui ou celle qui nous était chère, qui nous était confié.e, que nous devions protéger, dont l'effacement, tyrannise alors votre vie. L'autrice nous subjugue, une nouvelle fois, avec un livre profondément humain, doté d'un style d'écriture qui atteint un niveau de maîtrise sidérant. Andrée A. Michaud est notre invitée ce soir.
 
Extrait: ''Ça fait mal de penser qu'on est seul, que même la femme à qui on a si souvent dit je t'aime ne nous considère plus que comme un tas de merde. Il est vrai que notre couple battait de l'aile depuis un certain temps, que Lucy-Ann et moi, on ne renvoyait pas exactement l'image de l'union idéale, de la paire de tourtereaux en perpétuel voyage de noces. Les soupers aux chandelles, les mains qui glissent furtivement sous le chandail, les sourires lancés d'un coin à l'autre de la pièce ou une demi-douzaine de génies politiques débitent leurs conneries avec un sérieux de pape, tout ça. pour nous, appartenait au passé. On continuait à baiser, parce qu'on avait la baise dans le sang, parce que cet affrontement charnel nous permettait de posséder l'autre tout en lui reprochant d'exister, avec juste assez de violence pour nous sentir soulagés de la tendresse perdue, mais je ne me rappelle plus la dernière fois que Lucy-Ann m'a dit quelque chose de gentil, du genre t'es pas mal beau à matin, Bill, tu sais, ou du style ta couette de gamin est encore retroussée, avec un sourire amusé, avec un doigt effleurant doucement la mèche rebelle.''