Mission encre noire Tome 25 Chapitre 308. Ma dévotion de Julia Kerninon paru en 2019 aux éditions Annika Parance. Helen a passé sa vie à écrire. il y a 23 ans qu'elle attend ce moment, précisément: retrouver son amour de toujours Frank Appledore. Il se tient là, à primrose Hill, sur un trottoir de Londres. Cette fois-ci, elle ne se taira plus. Helen va enfin raconter sa vie, leur vie. Quelques pages vous suffiront pour être happé par le tourbillon d'une passion. Helen et Franck appartiennent au même monde, une aristocratie faites de façades et de mensonges. Ils fuiront ce milieu néfaste. Des années 50 à ce jour terrible de 1995, qui scellera leur destinée, Helen, raconte avec style, une histoire tragique de deux destins exceptionnels. Il serait trop simple, bien sûr, de dépeindre Franck comme le génie consacré par sa peinture et Helen sa muse pragmatique et dévouée. Julia Kerninon esquisse le portrait de deux êtres qui se tiennent la main sur le seuil de leur maison en flamme, les couleurs intenses s'écoulent et les débris d'une vie de passion folle partent en cendres. Julia Kerninon est notre invitée à Mission encre noire.
Extrait: «C'est tellement bouleversant, à tout moment, lorsque je tombe sur un des tableaux que tu as peints durant notre vie ensemble, à la télévision, dans les magazines d'art ou, bien sûr, dans les musées, de voir solidement accrochée au mur et protégée par un gardien placide et une alarme une toile dont je me rappelle les circonstances de création, les différentes étapes, une toile que j'ai vue chez nous, ou posée au sol dans l'atelier, ou sortant sous mes yeux d'un papier cadeau scintillant à Noël, à présent affichée dans un espace public avec tant de précautions. Chaque fois me reviennent des scènes entières, des flash-back sans autre rapport entre eux que la vision du tableau en fond. J'ai vu ces tableaux, mais eux aussi, ils m'ont vue. S'ils pouvaient parler, ils diraient tout de moi.»
Le nombril de la lune de Françoise Major paru en 2018 aux éditions Le Cheval d'août. Au commencement il y eût un meurtre symbolique, Huitzilopochli, décapite et garroche le corps de sa soeur du haut de la montagne. Il est le soleil, le guide suprème du peuple Nahuas qui part fondé Tenochtitlan sur une île du lac Texcoco, qui deviendra Mexico. Françoise Major a passé six ans au coeur de la capitale mexicaine. En partant, elle aussi, à la découverte du nombril immolé de cette riche mythologie, l'autrice nous offre une visite inédite et palpitante de la mégalopole. Dans la ville qui tremble, sous la menace de couteaux, coincé dans un métro bondé, assis sur un banc, côtoyant la pauvreté alarmante de certains quartiers ou au cours d'un repas de Noël chez des gens riches, l'homme ou la femme qui vous frôle dans l'une des vingt-trois nouvelles, vous interpelle directement en langue originale. Resterez-vous à l'écart de cette remarquable musique familière ou vous laisserez-vous piquer par la curiosité de découvrir la cité comme rarement. Mexico devient un lieu de carrefour émotionnel et relationnel truculent sous la plume de l'autrice. Françoise Major est invitée à Mission encre noire.
Extrait: «Mariana cherche ses enfants. Luis et Joaquin font le tour de la salle ; pigent dans les centres de table, se tachent les lèvres de chocolat. Mariana cherche Mauro. Il s'est réfugié à l'écart. Elle le rejoint, s'arrête derrière lui, l'écoute demander à un jeune homme, avec des mots pâteux qu'il mouille d'une gorgée de téquila, quelle est la source du malheur de l'humanité. Elle s'approche, lui caresse le dos, les cheveux, chhhhh. Le contact ne déroute pas Mauro. Il répond à sa propre question, met le garçon en garde contre «les femmes, les femmes, las pinches mujeres». Ni l'un ni l'autre n'ajoute rien. Ils trinquent. Nul besoin d'expliquer l'évidence, d'Ève à La Malinche à Carmen, de Carmen à Jenny.»