Mission encre noire Tome 30 Chapitre 347. Le printemps des traîtres de Christian Giguère paru en 2020 aux éditions Héliotrope noir. Lorsque Michaël pose son sac à la sortie du métro Longueuil, son estomac se serre. Deux ans ont passé à se tenir toujours trop loin de sa fille, dans le parloir de la prison Bordeaux. Deux ans moins un jour qu'il y pense, il faut qu'ils décampent, lui, Dominique et Justice, loin de cette banlieue, loin de la drogue, ailleurs, à l'autre bout du pays. On essaie de ne pas trop y penser, être taulard c'est quand vivre avec le poids d'une enclume autour du cou. Les flics ne le lâchent pas d'une semelle, son vieux chum Colm O'Brien veut le faire replonger, la pègre guette le bon moment pour lui mettre le grappin dessus. Longueuil est si proche du paradis perdu. En échange d'aider à faire tomber le clan McCallister, Michaël aura sa chance, à lui de la saisir. Cependant, dans ce milieu qui fleurent bon la malversation politique, au coeur d'une réélection douteuse qui concerne la circonscription Marie-Victorin, le jeu de dés est pipé. La plume implacable de Christian Giguère trempe dans le jus sale des affaires de moeurs, de corruption politique et de règlement de compte expéditifs. Si le noir, c'est «raconter la mort aux vivants» dixit Robin Cook, Christian vise juste aussi, pour lui il s'agit de «dévoiler les secrets de la nuit». Christian Giguère est invité, ce soir, à Mission encre noire.
Extrait: « Au moment où le camion cube se rangeait sur l'asphalte lézardé devant l'hôtel dans le secteur Ville Saint-Pierre, Colm informait Happy, Aidan et Michaël que deux chambres leur avaient été réservées au deuxième étage. On s'occuperait de leur faire monter du poulet barbecue. Il viendrait personnellement les chercher à la tombée de la nuit. Question de laisser la poussière retomber, de préparer la suite et d'établir un alibi solide, loin du quartier Désormaux si jamais quelqu'un demandait des comptes, Billy avait aussi loué des chambres la veille pour lui et sa garde rapprochée. Le patron avait convié tous ceux qui étaient impliqués dans le coup à un conciliabule dans une salle de conférence au rez-de-chaussée. Par la fenêtre de sa chambre, Michaël balaya du regard les vieux garages, le salon de quilles Rosebowl et le club de stripteaseuses le long de la rue Saint-Jacques qui, à cette hauteur, ressemblait à une vieille piste d'atterrissage en béton. Il réalisa du coup qu'ils se trouvaient à quelques kilomètres à peine de l'ancien quartier général symbolique du gang de l'ouest, le Nittolo's Garden. dans les années 1980, Dunie Ryan avait l'habitude de finir ses soirées avec ses frères d'armes dans ce restaurant italien doublé d'un motel. Le bâtiment avait été rasé quelques années après que le célèbre trafiquant y avait été criblé de balles dans sa chambre préférée.»
Brébeuf de Catherine Côté paru en 2020 aux éditions Triptyque dans la collection Policier. Montréal, octobre 1947. 9h02, un lundi matin pluvieux dans le bureau enfumé de son psychiatre, Léopold Gauthier, voudrait se débarrasser de ce mal de tête lancinant qui le réveille la nuit. Il a passé sept ans éloigné des siens, de Suzanne, sa femme, stationné en Europe avec les troupes d'occupation depuis le 13 janvier 1940. Il en a vu des horreurs, lui qui occupait le poste de détective au sein de la Sûreté de Montréal depuis un an, ne s'attendait pas à ça. Suzanne voit bien qu'il n'est plus le même homme. Devenue reporter au Montréal-Matin, elle se voit prise dans les rets d'un sombre affaire de meurtres en série au collège Jean-de-Brébeuf. À peine réveiller, Marcus O'Malley a tout juste le temps de savourer son rye dans sa tasse de café du matin, l'ancien partenaire de Léopold constate qu'il en a plein les bras. Il lui propose de le rejoindre pour enquêter sur cette sombre affaire. D'autant plus que le meurtrier semble inarrêtable. Les heures et les minutes comptent double et plus pour le duo de limiers. Catherine Côté remonte le cours du temps et plonge en eau profonde pour démêler les fils de cette intrigue. Embarquée dans une série qui aime bousculer les clichés du genre classique des polars à enquête. L'autrice impose déjà une intense puissance romanesque. Catherine Côté est, ce soir, à Mission encre noire.
Extrait:« C'est le boisé du Mont-Royal, pas la forêt-Noire. Les frênes et les érables sont espacés, et on peut voir le ciel entre leurs branches malingres qui s'étirent comme des doigts de sorcières au-dessus des têtes. Suzanne Gauthier marche lentement, ses chaussures s'enfoncent dans la terre boueuse. Elle pense au cardigan ensanglanté, dans la boîte, à Léopold, qui est peut-être à la maison et qui refuse de répondre au téléphone, ou qui est peut-être parti faire une autre entrevue. Et aussi à tout le vin qu'elle a bu la veille. Peut-être qu'Adèle a raison, au fond. Peut-être que c'est l'un de ses frères de Brébeuf qui a fait le coup. Et que tout est presque fini. La veille, durant la nuit, Léopold parlait dans son sommeil. Il marmonnait des paroles incompréhensibles. Son agitation a réveillé Suzanne, et même après qu'il s'est calmé elle n'a pas pu se rendormir. Jusqu'à l'aube, elle l'a serré contre elle, écoutant sa lente et lourde respiration, contemplant la lumière de la lune faiblement reflétée sur les murs. Puis elle s'est levée, habillée, et a filé à la recherche d'une distraction.»