Mission encre noire Tome 31 Chapitre 360. Exosquelette de Chloé LaDuchesse paru en 2021 aux éditions Mémoire d’encrier. «mes os sont toujours creux, il n'y a rien à faire.» constate la poète, en se remémorant une nuit, en Ontario, avec des amis autour d'un brasero à l'automne. De cette image découle un geste d'écriture.  Les petites histoires s’accumulent, tissent un filage à même la peau, qui d’une maille entrelacées à l’autre racontent et dévoilent la charpente qui consolide l’exosquelette de l’autrice. L'écriture devient un abri, une maison pour celle qui a été si souvent de passage. Pour Chloé Laduchesse, la poésie est cette armature souveraine, derrière laquelle elle pourrait disparaître. Ce n’est qu’un leurre pour mieux réapparaître à vif, lestée des fantômes impudents qui empêchent le corps de vivre librement. Ce qui n'empêche pas l'autrice de vivre profondément ses tempêtes, de savoir se camoufler pour mieux se tenir debout. Dans l’orange du soir, du côté de Sudbury, en Ontario, je retrouve Chloé LaDuchesse, elle est invitée à Mission encre noire.
Extrait: « Un petit matin monochrome/à peine plus grand/qu'un jeu de patience/j'emprunte aux figures de proue/leurs horizons déployés/leur savante ubiquité/mes pas menus dans la neige/réinventent la carte aux trésors/je cherche/la langue qui sait/comment dire merci aux ponts/sous lesquels on passe »
Fouiller les décombres de Flavia Garcia paru en 2021 aux éditions Mémoire d’encrier. Ni oubli ni pardon. En 1976, la poète a 12 ans. Elle qui pensait pouvoir tourner le dos à son passé douloureux argentin en débarquant à Montréal a tort. Les noms de Peron, Ongania, Lopez Rega ou du général Videla ressortent à l'occasion d'une rencontre avec un livre au festival international de la poésie de Trois-Rivières: Palabra viva. Cette parole redonne vit à une expression : Nunca mas. Les mots, qui dans toute la terreur des yeux d’un enfant, existent ici, sur ces pages, sont là pour témoigner, mais pas seulement. Si les coups de feu, les hélicoptères, les sirènes, l'odeur de mort qui suinte des murs laissent des traces indélébiles, c’est pour dire qu’on ne négocie pas avec la peste, on ne lui laisse plus aucune chance. Plus jamais. Ce recueil paraît dans le cadre du 45 ème anniversaire du coup d’État de 1976 en Argentine, et en souvenir des victimes de la dictature. je reçois Flavia Garcia à Mission encre noire.
Extrait:« dans la cour d'école/on joue à la marelle/on sautille sur un pied/l'équilibre est fragile/puis sur l'autre/plus haut/on rebondit/pour atteindre le ciel/criblé de barbelés»