Mission encre noire Tome 26 Chapitre 314. Une sorte de lumière spéciale de Maude Veilleux paru en 2019 aux éditions de l'Écrou. Être née quelque part, en garder le goût weird sous les ongles, ce sont des mots comme cela, simplement, qui peuvent vous attraper au détour d'une lecture curieuse. Maude Veilleux fait parti de ces autrices dont la rencontre peut-être déterminante pour vous accrocher à un style, une langue, une voix. Originaire de la Beauce, montréalaise jusqu'au bout des ongles, depuis, l'autrice tente tout. Elle écrit sur tous les supports, roman, fanzine, revue, recueil de poésie, blog, web série...Les mots, les murmures dans l'oreille, le slang, le slam, les chemins étranges, la langue des ruelles, l'amitié, l'amour à marde, les lendemains de veille, il y a de tout ça dans ses recueils et plus. Une sorte de lumière spéciale pourrait sonner comme un rap américain, un flow soutenu entre colère et résignation. Si Maude Veilleux aligne les souvenirs c'est pour mieux appréhender le présent. Oui, l'autrice désire changer le monde, et alors ? Pas vous ? Il y a des rencontres de lecture qui peuvent être déterminantes, celle-ci en est une. Maude Veilleux est invitée à Mission encre noire.
Extrait: « écrire dans le noir/écrire dans mon appartement/écrire devant internet/écrire avec mon chat/écrire/you do you/je te crisse pas/j'aimerai inventer une forme/le poème rhétorique/celui qui règle les comptes/qui argumente/comme dans le rap américain/avec une crew et des lance-flammes/voici ma crew/c'est qui ma crew?»
Dire encore après...de Sylvain Campeau paru en 2019 aux éditions Triptyque dans la collection Poésie accompagné du CD de musique Havres. Uniquement disponible à partir du 07 août, l'objet est magnifique. Tandis que le recueil de poésie interroge la langue, notre histoire, débusque les mots dont nous sommes l'écho, le projet musical Havres se fait l'amant du livre. Avec les voix de José Acquelin, Sylvain Campeau, Catherine Kidd, Trina Stacey et Seaghan Mac An tSionnaigh, le montage sonore adaptant le poème Havres habille de façon magistrale un texte où s'entrechoquent les langues irlandaises et Mohawk, plongé au coeur de la forge vibrante modelée par Chantal Dumas. Auparavant, le recueil vous parlera de résistance, d'hommage aux disparus, d'identité, de langue, d'arbres encore et toujours. Sylvain Campeau nous exhorte au voyage et à sortir de l'époque pour nourrir d'autres rêves d'ici. Les mots s'écoutent jazzés par le poète ou blessés et pleurés dans les méandres d'un blues. Sylvain Campeau est à Mission encre noire, ce soir.
Extrait: « La vigie belle est affaire d'horizons qui/s'éloignent/visions d'un monde à ciel désastre/à forêts imbriquées en tourbes levées/J'arrive, blanc, assurément,/canadien déjà par l'aventure/de cette appellation qui n'a plus cours/quand suivie de la langue par français/Perdu le sort de ces ancêtres/dans un continent de batailles/et d'ententes avec les habitants du lieu.»