Mission encre noire Tome 21 Chapitre 268 Les Tricoteuses de Marie Saur paru en 2017 aux éditions Héliotrope Collection Noir. Un jour de Juin, Daniel Hurteloup se retrouve libre. Au petit matin, il est accueilli par sa soeur à sa sortie de la prison d'Orsainville. Tombé pour une sombre histoire de drogue, il rencontre, accoudé au bar d'un hôtel chic de Québec, Patricia Fortin Rousseau, riche héritière en puissance d'un empire industriel, de média et de communication. La soirée est bien arrosée, trop sans nul doute. Daniel raccompagne Patricia chez elle. Une job de gardien de nuit lui est offert chez TV6 en guise de remerciement ou de cadeau empoisonné? Patricia est retrouvée pendue dans un studio de sa propre société. Daniel est-il né sous une mauvaise étoile ? Il devient trop facilement le suspect idéal. Sous couvert d'un polar de facture assez classique, Marie Saur, nous offre un premier roman, qui conjugue un art consommé de la mise en scène, une excellente maîtrise de la rengaine polar et un regard féministe sur le genre. Nous recevons l'autrice pour en parler à Mission encre noire.
Extrait:«Entre deux gros tomes d'une série sur l'histoire du théatre québécois depuis la Nouvelle-France, Daniel remarqua une brochure photocopiée, reliée par une spirale, Sous une feuille de plastique transparent, un dessin naïf représentait un groupe de femmes poing levé ; deux d'entre elles portaient une banderole qui proclamait:«Prolétaires de tous les pays, qui tricote vos chaussettes?» ce slogna était apparemment le titre de la brochure. En bas de la page, ce sous-titre:«1976-1996. Souvenirs de la lutte des Fortys. Témoignages recueillis par le collectif Sthéno».
Manikanetish de Naomi Fontaine paru en 2017 aux éditions Mémoire d'encrier. Dernier reportage au salon du livre diffusé, je rencontre l'autrice pour parler de son second roman. Un livre qui a déjà été présenté dans l'épisode 265 de Mission encre noire le 14 novembre dernier. Généreuse, Naomi Fontaine nous raconte Manikanetish, la lutte et l'espoir. Indispensable.
Extrait:«Nous avons parcouru un peu plus de cent cinquante milles vers le nord, en partant de Sept-Îles, sur un chemin de fer sinueux qui passait à travers les montagnes, au-dessus des rivières. La vitesse du train ne dépassait pas les trente milles à l'heure. Assise près de la fenêtre, j'ai admiré les morceaux de neige sur les épinettes hautes, l'étendue des lacs et la forme des montagnes. Il ya eu plusieurs arrêts entre le départ et l'arrivée. J'ai appris que chaque arrêt indiquait un territoire de chasse, un chalet, une famille qui descendait du train pour une semaine ou deux. C'étaient des lieux qui n'étaient inscrits sur aucune carte. Et pourtant, chacun d'eux possédait son nom, sa généalogie.»
Norilsk de Caryl Férey paru en 2017 aux éditions Paulsen. Alors qu'il fait - 20 degré, avec un ressenti de - 40, le vent semble d'accord pour leur casser la gueule, Caryl Férey et son compagnon de voyage contemplent le bleu de la nuit sur les toits de la ville la plus pourrie du monde: Norilsk en Sibérie, située au-dessus du cercle polaire, une cité minière, la plus polluante de la planète. Séduit par le discours enjôleur de deux éditrices, en terrasse à Paris, l'écrivain décide d'embarquer dans ce périple de tous les dangers, l'un de ses personnages principaux de roman et vrai pôte dans la vie: La bête. En route pour l'extrème laideur ! Les deux compagnons s'embringuent pour un paysage de Blade runner déglingué, pourtant leur traque du pire se découvre moins sévère qu'il n'y paraît. Bourré d'anecdotes tordantes, accompagnées d'un style rock et contondant, la lecture de Norilsk est un réel plaisir, ne serait-ce que pour se faire bardasser quelques clichés.
Extrait:«Poursuivant les recherches sur Internet, on apprend que, une fois sorti du centre à l'imposante architecture stalinienne, ce ne sont que barres de béton, avec, en guise de paysage, un dédale de tuyaux surélevés sur fonds d'immenses cheminées de hauts-fourneaux. Les immeubles récents ont été construits directement sur le pergélisol, gelé depuis des siècles, mais les fuites dues au mauvais états des conduites d'eau chaude et du chauffage urbain provoquent la fonte progressive du sol, entraînant l'affaissement de nombreuses constructions et une libération de méthane, gaz mortel s'il est présent en grande quantité dans l'atmosphère.»