Mission encre noire Tome 18 Chapitre 237 Voici la deuxième partie des suggestions pour les fêtes: De si jolies petites plages de Jean-claude Charles paru en 2016 aux éditions Mémoire d'encrier. Romancier, poète, essayiste et journaliste né en 1949 à Port-au-prince et décédé à Paris en 2008, Jean-claude Charles publie en 1982 un livre/enquête coup de poing qui nous relate la génèse des premiers boat people haïtiens en Amérique. Son écriture ne tremble pas pour nous narrer l'absurde des contraintes imposées aux réfugiés. Un livre/colère dont la pertinence est malheureusement toujours d'une actualité brûlante.
Extrait:«Vendredi 4 septembre 1981, 7h30. Un avion d'Air Florida décolle de l'aéroport international de Miami, avec à son bord 120 haïtiens. Provenance des passagers: le camp de Krome. Destination: le pénitencier d'Otisville, prison de haute sécurité dans le nord de l'État de New York. Sept gardes frontaliers d'El Paso, spécialement entraînés à mater les émeutes, et un interprète créolophone accompagnent ces futurs pensionnaires d'un établissement récemment utilisé à incarcérer, à côtés des prisonniers de droit commun pour lequel en principe il est fait, des étudiants iraniens pro-khomeinystes-le symbole est de taille.»
Jean Désy publie en 2016 Amériquoisie aux éditions Mémoire d'encrier. Jean Désy vous propose une magnifique parole d'Amérique, une amérique d'épinette noire où il n'est pas interdit de rêver. C'est une réflexion sur le fait métis et le nomadisme physique et culturel, rédigée d'une plume désarmante et lyrique. Pour celles et ceux qui ont apprécié le film Québécoisie, un must !
Extrait:«Il me semble qu'il persiste un déchirement détestable qui hante de nombreux québécois francophones et les empêche d'unifier deux grands désirs, soit le désir d'autonomie (si essentiel pour tout peuple digne) associé à l'envie de voir fleurir le fait français en Amérique, avec un autre désir, tout aussi puissant, mais probablement plus caché, qui est celui de n'a pas créer de nouvelles frontières.»
Un monde meilleur de Marcus Sakey paru en 2016 aux éditions Série noire chez Gallimard Tome 2 de la trilogie des Brillants s'annonce comme un tourneur de page des plus efficace. Comment faire pour survivre dans un monde qui vous rejette lorsque vous possédez des dons hors du commun ? 1% de la population des USA, les Brillants, font face à ce dilemme depuis les années 1980. La tâche se complique lorsqu'une partie de cette minorité se rebelle et réclame le pouvoir. Nick Cooper est appelé une fois de plus à la rescousse. Dans un univers dystopique qui n'a rien à envier à Blade runner, Marcus Sakey utilise les outils du polar et de la science fiction pour mettre en place un suspense des plus efficace.
Extrait:«Clay conserva une expression affable, mais les trois autres échangèrent des regards en consultant leurs notes. Cooper sentait qu'ils adoptaient une attitude de retrait. Peu importe. Puisque tu es là, autant dire la vérité. «Eh bien, prenez maintenant en considération le point de vue des Brillants. Les enfants niveau un sont enlevés de force à leur famille et envoyés dans des académies. Sans procès équitable ni jury, le DAR tue les Brillants qu'il considère comme une menace pour la société. Grâce à l'initiative Surveillance et contrôle, chaque Brillant américain se verra implanter une micropuce dans le cou...»
Autres temps, autre moeurs, Le cavalier de Saint-Urbain de Mordecai Richler paru en 2016 aux éditions Boréal. Lori Saint-Martin et Paul Gagné présente une nouvelle fois une copie sans faute, pour une traduction du fameux roman de Mordecai Richler paru initialement en 1971. L'un des grands romans de l'écrivain, Le cavalier de Saint-urbain dépeint la réussite sociale d'un homme, Jack Hersh, qui, par mauvaise fréquentation risque de tout perdre lors d'un procès pour agression sexuelle. Lasser, par une situation si absurde, l'homme se laisse aller à l'autodérision. Le Cavalier de Saint-Urbain est un livre satirique jouissif.
Extrait:«En le voyant se diriger d'un pas titubant vers la table basse et saisir la bouteille, elle songea: Oh mon Dieu, pourquoi a-t-il fallu qu'il quitte Montréal, cet idiot? Qui, au lendemain de la guerre, n'aurait pas donné n'importe quoi en échange d'un passeport canadien? Pas un juif ne se serait prosterné à plat ventre pour être admis dans un si bon pays. «Voici», dit jake en chancelant, un livre dans une main, son verre dans l'autre. Il lut à haute voix:«Quand je contemple ma vie passée, je n'y découvre rien qu'une stérile perte de temps, assaisonnée de dérangements du corps et de l'esprit, avoisinant la folie, qui, je l'espère, permettront à mon Créateur de me pardonner mes nombreuses fautes et de m'excuser mes nombreuses imperfections.»
Ma terre est un fond d'océan de Serge Lamothe paru en 2016 aux éditions Mémoire d'encrier. dans ce troisième recueil de poésie, le poète sort une langue matraque pour répondre à l'âme meurtrie d'une humanité qui souffre. Les mots se chargent de déranger l'universelle bêtise. «Attentif à l'autre, à sa fragilité, le poème fait son nid à l'endroit même où chacun de nous se sait mortel.»
Extrait:«le désert de mes mots se peuple de brigands/une traînée d'insultes retient la boue/qui me dévore les lèvres»
 
Mission encre noire sera de retour le 12 janvier 2017, je vous souhaite de passer de belles fêtes !