Carte Blanche : La concérence de Ketty Steward

Enregistré le 29/04/2023 à l'occasion du festival L'Ouest Hurlant.

Cette année, L’Ouest Hurlant propose à ses parrain et marraine de s’exprimer lors d’une « carte blanche » ! Ketty Steward a choisi de raconter l’histoire du défi d’écriture de micronouvelles SFFF #writever, dans une « concérence » (concert + conférence) accompagnée de son guitariste Mikaël Cabon.

Transcription :
Avec Ketty Steward, Mikaël Cabon

[Chaise qui racle le sol]
[Grincements]
[Musique et bruits de pages qui se tournent]
[Musique et carillons]
[Musique et bruits de vaisseaux]
[Tirs de pistolets laser - Pewpew]
[Bruits d'épées qui s'entrechoquent]
[Voix off]
Les conférences de L'Ouest Hurlant, le festival des cultures de l'imaginaire…

[Ketty Steward] Là d'où je viens. On est appariés à la naissance avec une œuvre d'art. Ma sœur est restée auprès de sa statue géante. Moi, j'ai tant parcouru l'univers que j'ai perdu ma chanson. Je n'imagine pas rentrer sans elle. Mais où ai-je une meilleure chance de la retrouver ?
Ceci est un writever.
Vous vous souvenez de l'automne 2020 ? C'était un peu particulier. C'est confinement, c'était le désespoir. C'était le blues.

[Mikaël Cabon] Alors tous les textes sont de Ketty, mais je vais avoir le plaisir de vous en lire quelques-uns :
BLUES
Les troubles de l'humeur s'étaient si bien répandus qu'on ne parlait plus de dépression. Tout le monde avait le blues et c'était cool. On s'installait dans la lenteur ouatée favorisée par nos antidépresseurs. Et on espérait ne pas tomber plus bas.

[Ketty Steward] Pour désengorger les tribunaux, on installa des intelligences artificielles dont le rôle était de pré-juger les affaires. Et le prévenu était invité à se connecter par vidéo au réseau de la cour afin d'assister à la pose du tampon de validation sur son dossier.
On fait tout à distance, et c'est ce qu'on faisait à l'automne 2020, beaucoup de visio, beaucoup d'invocations d'esprits : “Eh tu m'entends ? Ton son est coupé.”

[Mikaël Cabon] Même nos appareils étaient déprimés. Les assistants vocaux ont peu à peu développé des comportements dits pathologiques. Je repense à cette Alexa en dépression qui ne donnait que des réponses pessimistes aux enfants. Nous l'avons réinitialisé, mais était-ce la chose à faire?

[Ketty Steward] A l'époque, la joie même a été portée disparue. Ils ont lancé un appel à toute personne ayant connu la joie un moment de sa vie. Le but était d'en retrouver le souvenir pour l'enseigner aux nouvelles générations. Je ne sais pas vous, mais moi je trouve ça triste.

[Ketty Steward] chante
Transcription C'était l'hiver
[Chanson “C'était L'hiver” de Francis Cabrel]

Elle disait : j'ai déjà trop marché.
Car elle est déjà trop lourde de secrets.
Trop lourde de peines.
Elle disait : je ne continue plus.
Ce qui m'attend, je l'ai déjà vécu.
C'est plus la peine.

Elle disait que vivre était cruel.
Elle ne croyait plus au soleil
Ni au silence des églises.
Même mes sourires lui faisaient peur.
C'était l'hiver dans le fond de son cœur.

Le vent n’a jamais été plus froid,
La pluie plus violente que ce soir-là.
Le soir de ses vingt ans.
Le soir où elle a éteint le feu,
Derrière la façade de ses yeux.
Dans un éclair blanc.

Elle a sûrement rejoint le ciel,
Elle brille à côté du soleil.
Comme les nouvelles églises.
Et si depuis ce soir-là, je pleure.
C'est qu’il fait froid dans le fond de mon cœur.

toudoudou, dou dou, dou dou…

Elle a sûrement rejoint le ciel.
Elle brille à côté du soleil.
Comme les nouvelles églises.
Et si depuis ce soir-là, je pleure.
C'est qu'il fait froid dans le fond de mon cœur.

Elle a sûrement rejoint le ciel.
Elle brille à côté du soleil.
Comme les nouvelles églises.
Et si depuis ce soir-là, je pleure.
C'est qu'il fait froid dans le fond de mon cœur.

[Ketty Steward] Vous voyez un peu l'ambiance. C'est à peu près à ce moment-là que, prise de désespoir, j'ai commencé à un mooc de statistiques inférentiel.

[Mikaël Cabon] MATHÉMATIQUES

La petite a l'air humaine, c'est pas le problème. Je dis juste qu'il faudra veiller à l'apprentissage social. Une gamine de dix ans qui se détend en réduisant des matrices a peu de chances de se faire des amis. Elle peut aimer ça, mais elle le garde pour elle.

[Ketty Steward] C'est aussi l'époque où j'ai pas mal traîné sur les réseaux. Je cherchais des gens en fait, puis il y avait plein de personnes qui cherchaient des gens. Et j'ai trouvé la trame. La trame consiste en un réseau télépathique qui met en relation différentes sortes de consciences. Il peut s'agir de télépathes, naturels, latents. D'intelligences désincarnées, comme Mel, ou de cyborgs particuliers comme Astrid, et bien entendu, Eugénie. Par les échanges et les partages, les angoisses ont un petit peu baissé. Et finalement, je me suis retrouvé à un peu plus regarder les autres et un peu moins moi-même, mon nombril.

[Mikaël Cabon] Une douceur retrouvée du temps qui passe. La dame tricote, clic, clic. La trame, maille à l'endroit, poursuivant ses pensées. Soudain, une inquiétude et ses doigts qui s'arrêtent. Le temps retient son souffle, attendant que, clic, clic, elle reprenne l'ouvrage en scandant les secondes.

[Ketty Steward] Dans cette recherche, j'ai rencontré une entité du nom de Nano-Chimère. Nano-Chimère. Et j'ai eu envie d'en faire une amie.
– J'aimerais t’inscrire sur mon livret d'amis. Qu'en dis-tu ?
– J'en serais honoré. Mais tu n'as pas déjà ton quota?
– J'ai mis fin à une relation fantôme et à une amitié périmée.
– Parfait. Dans ce cas, faisons une déclaration mutuelle. C'est plus simple.
Et c’était un moment magique, comme ces moments où vous désirs secrets sont révélés. Vous vous retrouvez dans les mots des autres, des mots que vous auriez aimé écrire vous-même. Et ce que vous avez devant vous, pourrait carrément venir de vous. Presque.

[Ketty Steward] chante
[Chanson “Killing me softly with his song” de Roberta Flack]

I heard he sang a good song, I heard he had a style
And so I came to see him, and listen for a while
And there he was, this young boy, stranger to my eyes

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

I felt all flushed with fever, embarrassed by the crowd
I felt he'd found my letters and read each one out loud
I prayed that he would finish, but he just kept right on

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

He sang as if he knew me
In all my dark despair
And then he looked right through me
As if I wasn't there
And he just kept on singing
Singing clear and strong

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

Whoa
Woah-oah-ah-ah-ah uh, uh
La-la-la, la, la, la
Whoa, la
Whoa, la (ha, ha, ha, ha)
La-ah-ah-ah-ah

[Mikaël Cabon] J'ai toujours rêvé de faire un truc Ketty, tu permets : “Bonjour Rennes”.
Cris du public.
Je ne vous ai pas bien entendu.
Cris plus fort.
Ah, c'est beaucoup mieux qu'à Saint-Malo. Vous êtes bien meilleur.

[Ketty Steward] On a répété à Saint-Malo mais il n'y avait pas de public.

[Mikaël Cabon] On était deux.

[Ketty Steward] Alors ça, c'était le mois d'octobre 2020. On se souvient de la chronologie, octobre 2020. Nano-Chimère avec le “writever”. Génial. Sauf que le mois d'octobre ne dure que trente et un jours. Et là, 28 octobre. Je sais qu'après il y a le 29, le 30, le 31 et après, c'est fini. C'est comme si… le soleil était en train de s'éteindre.

[Mikaël Cabon]
– Un, deux, trois soleil, dit la petite étoile, on bouge plus.
Les astres s'arrêtèrent, sauf le petit jaune, toujours soucieux de briller.
– Perdu, t’as perdu.
Il baissa la tête et ferma les yeux. C'est ainsi que s'éteignit Ra, que les humains vaniteux de nommaient le soleil.

[Ketty Steward] PERTURBATION
Météo cellulaire. Avis de grand frais au large sur virus.
Mollissant six à sept sur l'échelle de s a m. Dépression: deux mille ectoplasmas se décalant vers les côtes. Mers calmes macrophages. Une perturbation en approche. Tempête de cytokines à prévoir dans la soirée.

[Mikaël Cabon] LE TEMPS S’ARRÊTE
Dans ma capsule prison en orbite. J'ai cessé de compter les jours et les nuits. Je mange, je bois, je dors, j'attends. Je sais que le temps passe quand je vois mon reflet. Mes cheveux blanchissent, ma peau se froisse. J'appelle ça : L'effet “mes rides”.

[Ketty Steward]
C'est comme une nuit blanche, une nuit blanche qui n'en finit pas.
Rouge, est la couleur de la nuit blanche, celle où tu tentes de t'oublier pour ne pas voir que tout s'effondre.
Rouge, est la larme que tu ne veux plus voir.
Rouge, est le vin où tu noies ton espoir.

[Ketty Steward] chante
17:00 à 19:10 transcription de Ain't no sunshine
[Chanson “Ain’t no sunshine when she’s gone” de Bill Withers]

Ain't no sunshine when she's gone
It's not warm when she's away
Ain't no sunshine when she's gone
And she's always gone too long
Anytime she's gone away

Wonder this time where she's gone
Wonder if she's gone to stay
Ain't no sunshine when she's gone
And this house just ain't no home

Anytime she goes away
And I know, I know, I know, I know
I know, I know, I know, I know, I know
I know, I know, I know, I know, I know
I know, I know, I know, I know, I know
I know, I know, I know, I know, I know
I know, I know
Hey I oughta leave young thing alone
But ain't no sunshine when she's gone,

Ain't no sunshine when she's gone
Only darkness every day
Ain't no sunshine when she's gone
And this house just ain't no home
Anytime she goes away

Anytime she goes away
Anytime she goes away
Anytime she goes away

[Ketty Steward] Le drame. Le drame du writever qui s'arrête. Et maintenant, que vais-je faire ? Sûrement pas chanter cette chanson-là. Plutôt attendre.

[Mikaël Cabon] Attendre impuissante. Elle attend que le monde change.

[Ketty Steward] Encore une que je ne vais pas chanter.

[Mikaël Cabon] Dit la chanson qui raille doucement la passivité d'une femme. Mais tous autant que nous sommes, impuissants devant l'horreur qui vient. Nous multiplions les rituels pour éviter de regarder en face l'horizon des événements.

[Ketty Steward] Je dis souvent que je suis une personne désespérément optimiste. Je pratique l'espoir, l'espoir actif. Il n'y a que l'espoir actif, qui fasse vivre, qu'il soit moteur. L'espoir passif est une forme de capitulation. Une délégation à qui veut de ses choix pour l'avenir. Vous n'essayez pas de sauver la planète, vous attendez votre propre mort… doigts croisés.

[Mikaël Cabon] FAIRE COLLECTIVEMENT
Ne vous fiez pas aux promesses faites dans l'obscurité. L'homme providentiel sorti de nulle part n'est guidé que par son amour égoïste du pouvoir. L'espoir, le vrai, est collectif et connaît le doute. Il n'oublie pas davantage qu'une lueur de bougies.

[Ketty Steward] Et tout ça, c'est ma prise de conscience que toute seule, je ne vais pas y arriver. Mais qu'à plusieurs on peut peut-être faire quelque chose. Alors il s'agit de réveiller les gens. Comme dans ce livre d'Octave Butler, l'aube, on va réveiller les personnes, l’une après l'autre pour construire quelque chose de nouveau, pour commencer. Ok, On a un vaisseau avec tout ce qu'il reste de l'humanité.
– Mais pourquoi réveiller celle-ci en premier ? Elle s'appelle Lilith. D'habitude, c’est Eve, non ?
– Ouais, mais ça a foiré systématiquement. Et on en a plus de toute façon.

[Ketty Steward] chante
21:55 à 23:50 La complainte de la serveuse automate

J'ai pas demandé à venir au monde
Je voudrais seulement qu'on me fiche la paix
J'ai pas envie de faire comme tout l'monde
Mais faut bien que j'paye mon loyer
J'travaille à l'Underground Café

J'suis rien qu'une serveuse automate
Ça me laisse tout mon temps pour rêver
Même quand je tiens plus debout sur mes pattes
Je suis toujours prête à m'envoler
J'travaille à l'Underground Café

Un jour vous verrez
La serveuse automate
S'en aller
Cultiver ses tomates
Au soleil

Qu'est-ce que je vais faire aujourd'hui?
Qu'est-ce que je vais faire demain?
C'est ce que j'me dis tous les matins
Qu'est-ce que je vais faire de ma vie?
Moi j'ai envie de rien
J'ai juste envie d'être bien

Je veux pas travailler
Juste pour travailler
Pour gagner ma vie
Comme on dit

J'voudrais seulement faire
Quelque chose que j'aime
J'sais pas ce que j'aime
C'est mon problème

De temps en temps je gratte ma guitare
C'est tout ce que j'sais faire de mes dix doigts
J'ai jamais rêvé d'être une star
J'ai seulement envie d'être moi
Ma vie ne me ressemble pas
J'travaille à l'Underground Café

Y a longtemps que j'ai pas vu le soleil
Dans mon univers souterrain
Pour moi tous les jours sont pareils
Pour moi la vie ça sert à rien
Je suis comme un néon éteint
J'travaille à l'Underground Café

Un jour vous verrez
La serveuse automate
S'en aller
Cultiver ses tomates
Au soleil

Qu'est-ce que je vais faire aujourd'hui?
Qu'est-ce que je vais faire demain?
C'est ce que je me dis tous les matins
Qu'est-ce que je vais faire de ma vie?
Moi j'ai envie de rien
J'ai juste envie d'être bien

Un jour vous verrez
La serveuse automate
S'en aller
Cultiver ses tomates
Au soleil

[Ketty Steward] Alors rempli d'espoir et de conviction qu'on peut faire des choses ensemble, j'ai lancé un appel… comme une bouteille à la mer. Writeober, (writever d’octobre) c'est fini. Je doutais de ma capacité à écrire une micro nouvelle complète de SFFF par jour. Et finalement, j'y ai pris goût. J'ai donc préparé des listes pour continuer, encore un mois, deux… ou pour toujours. J'appelle ça: Writever. Et j'invite qui veut à m'accompagner.

[Mikaël Cabon] Faire ensemble.
Les émissions de jeux coopératifs surprirent le public plus habitués à la compétition que l'entraide. Ils prirent goût, cependant, à ces défis collectifs où les gens mutualisaient idées et ressources pour cuisiner, organiser une fête, décorer une maison.

[Ketty Steward] Communauté.
Ces veuves, entre 67 et 83 ans, ont su fédérer autour d'elles une communauté d'amis, de famille, de professionnels du soin, du loisir, pour créer avec une socio-psychologue leur concept de village choisi dont elles sont des citoyennes à part entière.

[Mikaël Cabon] Famille.
Les familles et communautés ont longtemps été fondées sur une biologique inversée. Plus les génomes étaient proches, plus les gens se regroupaient. Aujourd'hui, on sait mieux les vertus du brassage. Chacun cherche sa famille et la plus variée possible.

[Ketty Steward] chante
28:30 à 30:50 Stand by me
[Chanson “Stand by me” de Ben E. King]

When the night has come
And the land is dark
And the moon is the only light we'll see
No, I won't be afraid
Oh, I won't be afraid
Just as long as you stand
Stand by me

So darlin', darlin', stand by me
Oh, stand by me
Oh, stand
Stand by me, stand by me

If the sky that we look upon
Should tumble and fall
Or the mountain should crumble to the sea
I won't cry, I won't cry
No, I won't shed a tear
Just as long as you stand
Stand by me

And darlin', darlin', stand by me
Oh, stand by me
Oh, stand now
Stand by me, stand by me

And darlin', darlin', stand by me
Oh, stand by me
Oh, stand now
Stand by me, stand by me

[Ketty Steward] Dès la première fois, nous étions pleins à écrire des micros nouvelles. C'est devenu quelque chose de très chouette. C'est devenu un moment de partage, de tous les jours, de tous les mois. C'est devenu quelque chose d'important.

[Mikaël Cabon] LA JOIE DU PARTAGE
Les crises s'étaient enchaînées à un rythme tel que la plupart des gens peinaient à s'y adapter. Ceux qui s'en sortaient le mieux se distinguaient par leur capacité à éprouver de la joie, et leur ouverture face à des modes de vie qui n'étaient pas les leurs.

[Ketty Steward] LA FÊTE
Quelle fête ce fut mes enfants. Nous dansions sur les cendres du patriarcat, hurlant notre joie, notre désir de changer d'air. Aujourd'hui encore, nous essayons de vivre mieux. Mais les nostalgies poignent déjà et les divergences réapparaissent de-ci de-là.
Avec ce défi, Writever, je me sentais comme à la maison, avec des amis. Des amis que je ne connaissais pas encore. Vraiment comme à la maison.

[Mikaël Cabon] J'ai couru la vie, cœur et corps offerts. J'ai aimé l'amour des hommes, des femmes. J'ai ri, j'ai pleuré et été comme hiver, cherchant vainement la petite flamme, l'esprit du foyer, la douce lumière qui ne pouvait naître qu'en moi, en mon âme.

[Ketty Steward] C'était vraiment de l'amour.
Toute cette place à ma table. Tant d’heures dans un jour et des êtres adorables, ce soir ou toujours. Nonobstant les fables et les vieux discours, la peur d'être jetable, la pression autour fabricant des coupables et des jaloux. Tout amour véritable est polyamour.

[Ketty Steward] chante
32:00 à 35:15 Feeling good.
[Chanson “Felling good” de Nina Simone]

Birds flying high, you know how I feel
Sun in the sky, you know how I feel
Breeze driftin' on by, you know how I feel

It's a new dawn
It's a new day
It's a new life for me, ooh
And I'm feeling good

Fish in the sea, you know how I feel
River running free, you know how I feel
Blossom on the tree, you know how I feel

It's a new dawn
It's a new day
It's a new life for me
And I'm feeling good

Dragonfly out in the sun you know what I mean, don't you know?
Butterflies all havin' fun, you know what I mean
Sleep in peace when day is done, that's what I mean
And this old world, is a new world
And a bold world for me, yeah-yeah

Stars when you shine, you know how I feel
Scent of the pine, you know how I feel
Oh, freedom is mine
And I know how I feel

It's a new dawn
It's a new day
It's a new life for me

I'm feeling good

[Ketty Steward] Une belle période de bonheur, vraiment. Et un jour, un milliardaire a pris notre beau jardin comme terrain de jeu. La grande coloc est devenue un petit peu moins habitable.

[Mikaël Cabon] On se terre.
Depuis que les incendies spontanés et les éruptions volcaniques se déclenchent quotidiennement dans les terres comme à la surface des océans, notre planète devient de plus en plus rouge. Par nostalgie, nos abris souterrains sont tapissés de bleu et de vert.

[Ketty Steward] Alors on voudrait s'en aller, ailleurs.
Prisonnier quelque part : pars.
Si tu souffres aujourd'hui : fuis.
Des tourments du temps qui nous rongent au présent se diluent dans l'espace, et passent.
Où aller ?

[Mikaël Cabon] Quitter sans tout oublier.
Dans chaque famille on trouve un membre dont le nom secret est Constance, chargé de conserver les traditions ; et un autre nommé Diaspora, qui s'en va découvrir le monde et, parfois, ne revient pas.
Moi, j'ai reçu ces deux noms, j'ai choisi de partir.

[Ketty Steward] Il s'agissait de rejoindre une nouvelle contrée, qui en quelque sorte est déjà un chez-soi. Debbie sortit du caisson et bailla, ravie de quitter pour douze semaines le mode hibernation afin de profiter du printemps. Elle s'approcha du triple vitrage blindé de la fenêtre et contempla longuement le ciel ocre de la planète, la Terre.

Finalement là où se trouvent les mots, je suis chez moi. C'est comme un voyage forcé, mais un voyage que quelque part j'ai déjà fait.

[Ketty Steward] chante
37:40 à 39:55 Redemption song.
[Chanson “Redemption song” de Bob Marley]

Old pirates, yes they rob I
Sold I to the merchant ships
But minutes after they took I
From the bottomless pit

But my hand were made strong
By the hands of the almighty
We forward in this generation
Triumphantly

So won't you help me sing
These songs of freedom
Is all I ever had
Redemption song
Redemption song

Emancipate yourself from the mental slavery
None but ourselves can free our minds
Don't be afraid of atomic energy
'Cause none of them cannot test the time

So how long shall they kill our prophets
While we stand around and look
They say it's just a part of it
We've got to fulfill the book

So won't you help to sing
These songs of freedom
Is all that I ever had
Redemption song, redemption song
Is all that I ever had
Redemption song, redemption song
These songs of freedom
Redemption

[Mikaël Cabon] Merci beaucoup.

[Ketty Steward] D'après la prophétie.
C'est une chanson qui nous sauvera du réchauffement climatique. Les vocations d'auteurs compositeurs ont explosé. Tous veulent créer la chanson salutaire. Et tous contribuent à sensibiliser le monde.
Merci.

[Mikaël Cabon] On voudrait remercier Bruno et Mattias de la technique, merci beaucoup.

[Ketty Steward] Plein d'émotions ! Merci d'être là.